voyage aller et retour

J’ai rencontré une sorcière.

Je sais, j’aurais pas du sortir, c’était encore le soir, mais j’attendais papa à la sortie de la ville, et j’ai suivi les traits sur la route, entre les cailloux. Faut plus que je fasse ça, j’ai toujours des problèmes après.

Elle était drôle, la sorcière, avec ses yeux tout vides. Elle a eu l’air de trouver bizarre que je sois là, mais j’ai eu l’impression que ça la dérangeait pas plus que ça. Elle jouait avec une espèce de corde qu’elle enroulait autour de sa main droite. Je crois qu’elle essayait de l’attacher, mais elle a pas trop bien réussi, parce que sa main n’arrêtait pas de trembler.

En fait, je savais pas, moi, que c’était une sorcière. C’est papa qui me l’a dit après.
La dame le connaissait aussi. Elle m’a demandé comment je m’appelais, et quand j’ai dit mon nom, ses yeux tout vides m’ont regardés. C’est comme ça que j’ai su qu’elle connaissait papa et maman.

Elle travaillait sur le bateau, avant, et quand j’ai dit que ça avait fait tellement de peine à maman que le bateau ait brûlé, elle a répondu qu’elle ne savait pas être triste. Moi, je trouve ça bizarre, de pas savoir ça.
C’est comme si... comme si y’avait personne à l’intérieur d’elle.

Elle a raconté qu’elle était partie très loin, pour un long voyage, un peu comme maman, que ça l’avait changé et qu’au retour, tout ce qu’elle avait connu avant était mort ou en train de mourir.

moi je pense qu’elle est pas partie si loin que ça, parce qu’elle a réussi à revenir.
Soit disant que quelqu’un l’avait voulu très fort pour elle. Mais ça, je l’ai pas cru, parce que personne ne peut vouloir une chose aussi fort que je le veux moi, et pourtant maman est toujours là bas, dans son rêve, et elle ne revient pas.

Je lui ai demandé pourquoi elle n’aimait personne, mais elle en sait rien. elle n’aime pas, elle ne déteste pas. Moi je trouve qu'elle est encore plus morte que maman.

Après ça, j’avais plus envie de l’écouter. Elle commençait à me faire peur, avec sa main qui saignait à force d’être serrée par la corde. Elle disait des mots que je comprenais pas.
En me ramenant à la maison, elle a vu que papa n’était pas encore rentré.
En partant, elle a dit :

- Tu diras à ton père que Kerla lui passe le bonjour et qu'il ferait attention de ne pas être trop absent car s'il réfléchissait il verrait ce que lui ont coûté ses absences.


Quand j’ai dit a papa que la dame avait l’air fâché contre lui, il m’a d’abord disputé pour être sortie encore une fois, et puis il a voulu savoir son nom.
Il n'a rien voulu me dire sur elle, sauf que j’avais plus droit de lui ouvrir la porte, et que si je la croisais une autre fois dans la rue, je devais l’appeler et me réfugier près d’un garde. Il paraît que c’est une sorcière dangereuse, et il avait peur qu’elle s’en prenne à moi pour lui faire du mal à lui.

Moi j’en sais rien, elle n'avait pas l’air si méchante, elle m’a juste fait de la peine avec sa main qui tremble, comme si c’était le seul morceau d’elle un peu vivant qu'elle avait réussi à ramener de son voyage.


- Papa ? Kerla dit que quand on veut très fort que quelqu'un revienne, il revient, mais j'ai dit que c'était pas vrai.
- Kerla est une sorcière, tout ce qu'elle fait revenir ne revient pas vraiment
- Maman me manque
- Elle me manque aussi ma puce, mais elle m'a laissé son plus joli souvenir...

Maman dit que le hasard n’existe pas.
Elle dit que les choses qui arrivent ou que les gens qu’on croise, si on a la chance de lever la tête au bon moment, et qu’on les regarde vraiment, qu’on y fait attention, ben elles sont là pour une raison bien particulière et que c’est à nous de savoir la trouver.
Elle m’a dit : yeldëe, pense à lever la tête quand tu marches. Ne regarde plus les traits sur la route.
Alors je sais pas si j'ai bien fait de lever la tête pour regarder la dame que papa a failli tuer dans le salon. Mais au cas où…

L’autre soir, y’a eu une bagarre à la maison. J’avais jamais vu papa aussi en colère, et là, pour une fois, j’avais rien fait.
Ce soir là, sur le chemin pour rentrer à la maison, on a rencontré une dame humaine et une elfe qui ont reconnu papa. Elles nous ont couru apres jusqu’à la maison, et évidement, au moment ou l’elfe a dit qu’elle voulait lui parler, papa m’a dit de filer au lit.

Moi, bête comme je suis, je me suis endormie presque aussitôt, alors j’ai pas entendu grand chose, sauf que la joli elfe était une vieille amie de maman, et après, ils ont fait que parler de mon père.
J’ai entendu qu’ils disaient qu’il y avait une dame qu’il aimait bien. J’ai tout de suite pensé à Enerthia, mais c’est pas ce nom là qu’ils ont dit. je me souvient que papa a dit :
- timhor est quelqu’un de spécial, Bonheur ou malheur.. il apporte les deux sans distinctions et de manière imprévisible

La dame a dit quelque chose de méchant sur lui, et a posé une question a papa en baissant la voix, alors j’ai pas entendu, mais papa a répondu que les choses n’étaient pas si simples, et il a défendu mon père. C’est pas la première fois qu’il fait ça.
Je sais pas pourquoi, mais je me suis sentie fière de lui.

Après ça, j’ai retrouvé maman dans le bateau comme toutes les nuits, et je me suis allongée près d’elle dans la cabine. Je crois que j’étais tellement fatiguée que je me suis endormie dans ses bras là bas aussi.

Et puis d’un coup, j’ai entendu du bruit sur le pont.
Tonton tast hurlait, grimpé sur une des flèches du mat :
- C’EST QUOI CE BORDEL ! MORTECOUILLE CA VA BARDER !!!!!

Alors me suis assise d’un coup sur mon lit, et le bateau a disparu.
Et une dame criait en même temps que papa :

- vous préférez vous lamenter ici plutôt que de tout faire pour la femme que vous aimez ?
- Je vous déconseille de vous permettre ce genre de paroles !! Taliesinn était tout pour moi, mais elle est morte, il n'y a plus rien à faire, et je ne prendrai pas le risque qu'elle soit damnée pour satisfaire les caprices d'une inconnue, surtout pas en utilisant Yeldëe pour cela !

je suis descendue en appelant papa, et j’ai de nouveau entendu tonton Tast.
- C EST QUOI CE BORDEL SONATE ??

ben Sonate, je sais pas ce que c’était comme bordel, mais quand je suis arrivée en bas, j’ai vu papa avec son épée sortie de son fourreau, prêt à couper la tête de la dame qui disait qu’on vivait dans un monde de magie et d'espoir.
Pour l’espoir, je sais pas si elle disait pas ça pour elle, parce que les lames de papa, y’a pas besoin de s’approcher beaucoup, pour faire saigner. Je le sais, parce qu’une nuit j’ai essayé sur un rat, ben il a pas aimé, et moi j'ai eu du mal a nettoyer, après.

Enfin bref, papa a pas du aimer entendre parler de magie, sans doute parce qu’il pensait à la sorcière de l’autre fois :
- Yeldëe pleure sa mère chaque jour qu'Elune fait , elle rêve déjà d’elle toutes les nuits, et vous voulez raviver encore sa douleur pour une expérience ésotérique ? Elle est tout ce qui me reste et quiconque jouera avec ma fille verra sa tête rouler au sol

Tonton avait l’air de rien comprendre.
- MAIS VOUS FOUTEZ QUOI ?

Alors papa a passé sa colère sur lui aussi :
- ta gueule !! tu as réveillé Yeldëe ! on discutait tranquille, jusqu'a ce que tu arrive et réveille ma fille. il est 5 heure du matin Tast… t’es un grand malade, toi..

Tast a dit qu’il était pas malade, mais que maman était venu le réveiller pour lui dire que quelqu’un voulait entrer dans son rêve pour lui parler. Enfin, dans le rêve de maman, pas dans celui de tonton. Je sais pas a quoi il peut rêver, lui d’ailleurs..
Enfin voilà, il était venu pour savoir ce qui se passait.

Mais bon, papa a dit que la discussion était close, et il a poussé la dame et sa copine dehors en lui faisant comprendre qu'elle ornerait son étendard de bataille s'il lui venait à l'esprit d'essayer.

Quand papa a claqué la porte, j’ai essayé de me faire toute petite, mais sans doute y’avait les oreilles qui dépassaient parce que papa m’a vu et m’a dit de filer au lit.

Alors je suis monté en grognant, et j’ai fait semblant de dormir. Mais même ça il a su, alors qu’il était en bas dans la salle. Je comprends pas comment il a fait !
Je me demande si c’est pas contagieux, les sorcières.…

j'ai revue la dame que papa a failli tuer.
Elle avait encore sa tête.
enfin, à peu près.
je dis "à peu près" parce que des fois elle est très bizarre.
Enfin bon, si je réfléchi bien, pas tellement plus bizarre que d'autres grandes personnes que je connais, mais je vais pas écrire les noms ici, parce qu'on ne sait jamais, si quelqu'un lit ça, je suis bonne pour un mois entier de punitions.

alors voila :

J'allais rentrer à la maison, quand j'ai failli marcher sur un bébé endormi au milieu de la route.
Il était tellement rigolo, a ronfler comme ça, que je me suis assise a coté de lui pour le regarder. il avait de toutes petites oreilles avec des touffes de poils noirs qui bougeaient à chaque fois qu'il soufflait l'air par les trous de nez.
J'avais envie de le prendre dans mes bras pour le ramener à la maison, mais je voulais pas que quelqu'un se mette a hurler AU VOLEUR ! alors j'ai regardé autour de moi pour voir s'il était à personne.
Bon, forcément, Stormwind, c'est grand, et y'a toujours beaucoup de monde. Mais quand même, je l'ai reconnue :
La dame de papa avec la tête encore sur ses épaules. Juste a coté du bébé.
C'était un coup de chance, parce que c'était le sien.

Quand je lui ai dit que je voulais rentrer à la maison, elle a proposé de me raccompagner. Je savais pas trop si papa serait content, mais bon, il a dit : ne parle pas à des gens que tu connais pas, et ne parle pas à la sorcière. il avait pas dit : la dame avec la tête au bout de son épée.
Alors j'ai dit oui.
Elle a poussé un petit cri, et le bébé s’est levé sur ses quatre pattes et a galopé tout du long du chemin derrière nous.
une fois à la maison, je pouvais pas la laisser dehors, hein ? c'est pas poli.

Quand j'ai dit que papa n’était pas là, elle a eu l'air plus détendue, et elle a dit : profitons en pour parler, si tu veux... si tu as des questions, sur n'importe quoi, tu demande
Pour une fois qu'on me dit ça !
d'habitude, c'est toujours : tu poses trop de questions !

j'ai tout de suite demandé pourquoi papa voulait lui couper la tête.
Elle a dit que c’était à cause d’une idée un peu particulière qu’elle avait eu pour pouvoir parler à maman.
Hum, c’est sur que si elle à dit ça a papa, il a pas du aimer.
Déjà moi, je me demande s’il me prend pas pour une folle quand je lui dit qu’elle vient me voir la nuit. En fait, je crois qu’il n’ose pas penser ça, mais qu’il aimerait bien.

Faudra que je pense à dire à maman d’aller le voir un peu, comme ça il verrait...
Ah oui, mais c’est vrai, elle peut venir vraiment dedans seulement si on lui demande, sinon elle reste juste au bord du rêve, et on peut pas s’en souvenir au réveil. Il reste juste des mots ou un petit air qu’on siffle toute la journée.. c’est drôle, hein ?
Je sais plus ce que je disais…

Ah oui, l’idée de la dame.
Parler a maman…

Je lui ai dit que c’était pas une idée si terrible, parce que moi je fais ça toute les nuits, et elle a eu l’air intéressé :
Ah bon ? et elle a regardé le bébé avec un drôle d’air… Lui, il s’était remis à ronfler sur le tapis.
J’ai oublié l’épée de papa, et j’ai dit qu’il était rigolo, lui, a dormir tout le temps.
Elle m’a dit qu’il était la pour ça, et que c’était son frère jumeau.
J’ai cru un moment qu’elle plaisantait, parce que franchement, un panda comme frère, je me suis demandé… la mère…
Mais après, elle a ajouté qu’il était mort, et j’ai un peu mieux compris.
Bon, en fait, j’ai plus rien compris du tout, mais j’ai fait hum hum, en hochant la tête pour faire comme si.

J’ai pas du faire la tête qu’il fallait, parce qu’elle a bien vu qu’il fallait m’expliquer un peu mieux.
Son frère est mort à la naissance pour qu’elle puisse vivre, et des druides ont mis son esprit dans le panda. Pratique, comme ça , il était pas tout à fait mort, lui non plus.

Il est là pour veiller sur elle et sur ses rêves. Comme maman pour moi.
Elle a dit que tous les deux étaient dans le rêve d’émeraude.
C’est un super joli nom, je trouve, pour appeler le rêve de maman. Peut être que c’est pour ça que j’ai pas envie d’en partir.
Elle a dit que c’était le danger de ce rêve là. Mais que maman ne voudrait pas que je reste avec elle. Et c’est vrai qu’ici y’a mes papa, et tonton, et Enerthia. Sans doute ils seraient triste pour moi.

Tristes comme la dame qui regardait le panda sur le tapis.
Elle voulait tellement parler a maman…

Alors je me suis souvenu de ce qu’elle m’avait dit une nuit :
Yeldëe ma chérie, si tu veux vraiment quelque chose, va le chercher. Ne fait pas la même erreur que moi. Apprends à te battre.

J’ai demandé à la dame ce qu’il fallait faire pour aller chercher maman pour elle, et je crois que c’est la première fois que je l’ai vue vraiment sourire.
Alors on s’est mis d’accord, parce que quand même, moi ça me faisait peur.
Je voulais pas qu’à cause d’elle maman soit fâchée et ne revienne plus jamais la nuit. Elle m’a promis que c’était impossible. Au pire, rien ne se passerait.
Ça l’embêtait un peu que je préfère pas le dire a papa, mais j’ai dit que si c’était pour éviter de lui faire de la peine, c’était pas un vrai mensonge.
C’est comme ça que je fais quand je vois les rêves de maman des fois.
Des fois vaut mieux savoir se taire.

Et là, il fallait juste que je m’allonge sur le lit et que je dorme.
Ça je sais faire.

Sauf quand j’ai pas envie de dormir.

Et là, j’avais pas envie.

Alors elle m’a chanté une berceuse, comme maman faisait quand j’étais petite. C’était bizarre, on aurait dit que la dame avait deux voix. C’était très joli.
Elle chantait pour les enfants dont les parents sont à la guerre, elle disait de ne pas craindre la mort car ils sont à jamais dans les rêves.
Elle chantait doucement et je voyais le panda se glisser sous le drap avec moi.
Elle murmurait les paroles et je sentais le vent du large sur mon visage.
Ses voix faisaient tournoyer l’air autour des voiles et je rentrais dans la cabine.

Maman ?

- maman ? j'avais peur que tu sois fâchée
- fâchée ? pourquoi mon ange ?
- j'avais peur que tu sois plus là, la dame a dit que tu aurais pas peur , mais papa voulait pas
- je sais, mon bébé, je sais. ne t’inquiète pas, tout va bien…

le panda m’avait suivi sur le bateau… on a vu un petit bout de son museau sortir de dessous le lit en soulevant le drap.
- ho… il m’a suivi, tu as vu ?
maman n’a pas eu l’air plus surprise que ça.
- oui, je vois, mon ange.
- tu as peur de lui, maman ?
- peur ? non… je le connais. Il me ressemble, tu vois ?
lui non plus, n’avait pas peur. Il s’est approché de nous , a posé une patte sur son genou en la regardant droit dans les yeux comme pour attendre l’autorisation de grimper sur le lit.
Mais son sourire était si clair qu’il n’a pas attendu très longtemps avant de sauter.
- maman ? pourquoi papa a peur des rêves, lui ?
- je ne sais pas, peut être parce qu'ils lui échappent.

le panda à parlé en même temps que maman. Ça ressemblait à du vieil elfique.
- parce qu'on a peur de ce qu'on ne contrôle pas

je ne sais pas ce qui m’a le plus surprise. De l’entendre parler, ou de comprendre ce qu’il disait.
Mais pas maman.
- bien sur, il parle, mon ange. comme moi. il fait partie du rêve. il fait partie de toi
- si tu préfère je peut être autre chose qu'un panda. mais ta mère me connait ainsi
- autre chose ?
non non, je voulais pas autre chose, moi…
C’était très bien comme ça.
Même si "autre chose" était sa vraie forme.
Surtout si "autre chose" était sa vraie forme…
Un panda c’était très bien pour moi.

- excusez moi de ne pas me présenter, je n'ai pas encore de nom.
- je n'ai pas besoin de nom pour savoir qui vous êtes.

- merci d'être .....aussi accueillante
- je suis toujours la pour ceux qui m'appellent.
- il faut savoir que l'on peut vous appeler, si je puis me le permettre.
- je suis dans les rêves de ma fille, parce que je sais qu'elle a besoin de moi. Et vous y êtes parce que je sais que vous vouliez y rentrer avec elle
- ça me rappelle ma propre condition.

Heureusement que maman a demandé qu'il explique, parce que moi non plus j’ai pas compris pourquoi il a dit ça.
- oh... ici même, vous croyez ? disons que... je suis la uniquement parce que quelqu'un.. aimerait vous parler.
j’ai bien vu qu’il me regardait l’air de dire que j’étais trop petite pour écouter.

- votre sœur… et pourquoi pas ici ? a t elle des secrets si noirs à me confier, que ma fille ne puisse les entendre ?
hehe, bien joué, maman !

- disons que...certaines choses sont peut être derrière une porte fermée à ceux qui pourraient être blessé de les voir

aie ! un point partout...
là j’ai su que c’était cuit pour moi. alors j’ai devancé tout le monde. Zut, pour une fois qu’il y avait un panda…

- maman ? je peux partir, si tu veux, et je reviens tout a l'heure

maman m’a donné son plus joli sourire.
- tu vois Surprise ? il est sur le port, a Booty bay, tu veux jouer avec lui ?

Finalement, je perdais pas au change…

Yeldëe se tourne dans son sommeil et murmure.. viens la , toi…


En souriant, elle a regardé sa fille s'éloigner sur le quai et tendre la main vers Surprise.
- elle est si petite...
- excusez moi pour tout ceci. Mais je préfère ne pas lui faire peur ou quoi que ce soit. On ne sait jamais.
- peur ? elle avait juste peur de me perdre, mais cela n'arrivera pas.
- pardon mais je vais abandonner cette peau si cela ne vous importune pas.
- comme vous voulez.

elle a regardé sans bouger la métamorphose du panda en un jeune elfe de la nuit, élancé, plutôt élégant, les traits fins, la pâleur de sa peau contrastant avec ses cheveux bleu nuit.

- vous ressemblez a votre sœur.
elle a croisé le regard triste.
- merci. me voici tel que je suis dans les rêve.
Il s’est assis près d’elle sur le lit.

- dans les siens ?
- ho non, disons que .... je suis elle et elle est moi en quelque sorte. Mais la où elle est je ne puis être. elle ne sait rien de moi par elle même. Nous avons toujours besoin d’une tierce personne. Je veille sur ses rêves sans quelle le sache, je sais tous ce qu'elle sait, mais elle ne sait rien de moi et je ne puis rien lui dire.

- on ne maitrise pas ce genre de chose, n'est ce pas ? je ne sais pas pourquoi ma fille est si consciente de ma présence à ses cotés. mais elle l'est , et ça la tient debout. elle est une partie de moi.

- non, on ne maitrise que peu de chose. C'est déjà le plus qu'on ai pu faire pour empêcher la petit Alia de sombrer dans la folie. Vous, votre fille, vous l'aimez.. rien n'est de plus puissant que cela, et plus encore maintenant. c'est peut etre vous qui etes une partie d'elle. votre esprit s'est sans doute réfugié en elle. Dites moi.... êtes vous heureuse ainsi ?

- heureuse ? je ne sais pas. je suis au delà de la souffrance.

- si jamais je .... je puis faire quoi que ce soit... n'hésitez pas a me le demander, j'en ferais une quête personnelle. Quelqu’un à dit que la seule chose qui ne doit jamais disparaître c'est l'espoir.

- l'espoir... c'est la seule chose que j'ai perdu, avant de partir.

- peut être que ....nous pourrions vous en apporter, rien qu'une étincelle... votre fille est en soit l'espoir.

- je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

- écoutez.. ma sœur, Alia, aimerait vous parler , au moins une fois. Avez vous cette envie ?

- bien sur, j'ai toujours regretté de n'avoir pas passé plus de temps avec elle
- je .... je peut l'inviter a venir ici ?

Son regard s’est attardé un instant sur sa fille jouant sur le ponton. Elle entendait depuis la cabine le rire clair de la fillette, allongée sur le dos luttant avec le chaton dans une tendre bataille.

- bien sur
- alors il va me falloir vous dire au revoir

elle a tourné son sourire vers lui
- nous nous reverrons..
le doux sourire énigmatique s’est effacé peu à peu pour laisser lentement la place à celui de sa Sœur jumelle.


- Arkady…

- ça fait longtemps...

La jeune elfe regarde étonné autour d'elle, un peu comme si elle était dans l'obscurité. lentement, elle s’est rapproché et à avancé la main vers son épaule, comme si elle craignait de la voir disparaître sous ses doigts.
Dans un souffle, elle a demandé
- tali....tu ...tu es là
- tellement de choses me manquent, ici, je m'en rend compte aujourd'hui.

Comme si elle avait attendu ces mots comme une délivrance, Arkady s’est jetée dans ses bras, la serrant à lui faire mal. Sa voix mal assurée témoignait de son émotion.

- il n’y a pas qu’à toi que ces choses là manquent, tu sais..
- je sais, mais on doit faire avec. Ou sans.
- il y a tant de choses que je voulais te dire. j'ai du mal a faire sans toi.
- sans moi ? je ne comprends pas.
- tu me manque tali. tu es ma seule amie tu sais.

Elle a sourit tristement
- on a passé si peu de temps ensemble.
- tali, je.... je peut te demander ce qu'il s'est passé ?

Elle a fermé les yeux en soupirant, laissant les souvenirs enfouis monter à la surface.

- la vie est passée..
- c’est… toujours les même histoires entre Sonate et Timhor ?
- je crois que je n'avais plus la force de rester.

- je suis désolée ... j'aurais du être là. Qu'est-il arrivé Tali ?
- c’est un peu long, tu sais. je faisais des recherches sur une druidesse, karoline, que j’avais croisée et qui m'avait beaucoup inquiétée. elle avait évoqué la tisseuse, l'esprit arachnéen oublié par beaucoup de druides aujourd'hui. J'avais des visions ou elle tuait ma famille.

D’un profond soupir, elle a chassé les images de son vieux cauchemar.

- j'ai lu un ouvrage sur ses liens avec les trolls de la vallée de booty bay, et je me dit qu'elle ne voulait pas que j'en sache plus. Cette nuit là, j'ai pris un coup sur la tête, je suis tombée à l’eau, et je crois que je n'avais pas suffisamment envie de m'en sortir.
- pourquoi ? pourquoi, Tali…
- trop de souffrance. Je ne voulais plus que ma fille me voit comme ça. Quelle image je lui donnais de l’age adulte, dis moi…
- mais tu pouvais encore.... espérer....changer , avancer
- j'ai eu tellement d'espoirs déçus. et je n'ai jamais su me relever à la fin de l'équipage.
- depuis un moment je voulais te dire de... de partir, de ne plus voir ceux par qui tu souffrais.

Elle percevait l’agacement dans les mots.

- ne plus les voir ? tu ne comprends pas. c'est l'absence et le silence qui m'ont tuée.
- en effet tali, je ne comprend pas. tu aime Sonate mais pas d'un amour suffisant je me trompe ?
- j'aime Sonate.
- et Tim ?
- et Tim aussi.
- on peut pas aimer deux personnes en même temps d'un vrai amour.
- si on peut. Je peux. ils étaient ma vie. Tous les deux.
- tu es ta propre vie Tali...
- je n'ai jamais su vivre pour moi.
elles ont échangé un sourire triste.
- je pense vraiment que tu n'aime pas Tim ... mais le rêve de lui

Elle avait l’impression de l’entendre : Tali.. je ne suis que le fruit de ton imagination…

- sans doute, mais j'aime ce rêve là.
- oui mais .... on ne vit pas avec un rêve. Il est avec quelqu'un d'autre tu sais...
- ma vie entière n'est qu'un rêve, et je sais qu’il y a eu de nombreuses femmes après moi, à traverser sa vie. Il a besoin qu’on l’aime.

Dans la voix, l’agacement s’est fait colère.

- apres , avant et pendant peut être aussi non ?
- je t’interdit de penser ça. Pendant non. Il n’est pas comme ça. Il m’a aimé. Vraiment.
- on détruit pas quand on aime. Et aimer n'est pas un verbe qui se met au passé.
- il n’a rien détruit, je me suis détruite seule, et il m’a donné Yeldëe. elle est une partie de lui aussi
- s'il ne t'aime plus il ne t'a jamais aimée. Tali, je n'arrive pas a aimer cet homme.

Le ton est monté d'un cran.

- ça m'est égal, que tu l'aime ou non ! et je t'interdit de dire qu'elle n'est pas le fruit d'un amour sincère !
- j’ai si souvent eu envie de te dire tout ça, mais je n'ai pas mon mot a dire, n'est ce pas ?
- tu as raison. Tu n’as rien a dire, tu ne sais pas qui il est. Moi même je ne sais pas non plus… mais je sais, je sens au fond de moi, qu'il m'a aimé.
- le rêve que tu as de lui t'a aimé ....

elle n’a pas pu en supporter d’avantage. Et s’est relevé d’un bond.

- ça suffit !! demande lui toi même, si tu l'ose. Vas ! vas le chercher et dis lui ce que tu viens de me dire… tu verras sa réponse !!
- je connais sa réponse... je l'imagine. mais on sait se mentir, et il se ment probablement à lui même.
- et on ressent aussi l'amour quand il est là. Je sais ce que j’ai ressenti dans ses bras. Toi non.
- excuse moi Tali.. je ne sais rien... sauf que tu souffre. Et je ne comprend pas c'est tout.

- je ne souffre plus. Et je sais que tu ne comprend pas. peu de gens comprennent ce que je ressens pour lui. C’est… un Amour inconditionnel. Peut être Sonate est le seul à comprendre, et c’est sans doute pour ça que je l’aime tant

Arkady suivait du regard la course poursuite du chaton et de la fillette sur le ponton.

- Tali, ça fait combien de temps que tu es ici ?
- ici ? dans le bateau ? je ne sais pas.. tu sais, le temps, ici... un mois peut être
- excuse moi mais j'ai un peu l'impression d'être avertie la dernière. et encore c'est parce que j'ai entendu et suivi Sonate dans Stormwind
- je suis désolée, j'entend ta colère, mais tu peux comprendre mes priorités. Et ma fille en est une. Sonate aussi. ils ont besoin de moi, en ce moment.

- Mais ils ont beaucoup plus besoin de toi a leurs coté tu sais.. enfin…
- je crois que ma fille en a besoin. quant à Sonate, le jour ou il sera prêt, je le saurai.
- prêt à quoi ?
- a vivre sans moi.

elle a perçu le soupir dans la voix.

- je ne pensais pas à ça, tali. j'aimerais te donner goût a la vie ....encore un peu
- la vie ? quelle vie ?
- la tienne. je suis dans le genre têtue tu sais.
- je sais. et alors ? tu voudrais faire quoi ? j'ai laissé ma vie sur ce quai, Arkady... et je vis au travers de ma fille, que veux tu de plus ?

- mais des fois je me dit que loin de tout ça ... juste avec ta fille et tes souvenirs tu vivrais mieux… j’ai envie de ça, moi. te voir... a coté d’elle, la voir entre tes bras, t'entendre lui chanter une chanson....
- loin de tout ça ? loin de Sonate ?
- loin de ce qui te fait souffrir.
- je vivais déjà loin de Timhor
- Lui, toujours… pourquoi te faisait il souffrir?
- ce n’est pas lui, mais j'ai essayé de l'oublier. j'ai essayé de me persuader qu'il était juste quelqu'un que j'aime, et que ça ne m'empêchait pas de vivre. J'arrivais parfois a vivre en paix avec cet amour là.

- tu peux vivre sans lui.... et si c'était lui qui n’était plus en vie ? pourquoi ne pas le voir comme un souvenir ...rien de plus ?
- s'il était mort ? Arkady.. cette idée là me glace. j'ai réussi parfois, à vivre sereinement avec ce souvenir de lui. Mais alors il s'approchait, il m'appelait doux rêve, et mon cœur chavirait de nouveau. j'ai fait souffrir Sonate.

- mais ....pourquoi il venais te hanter comme ça ?
- c’est le problème de toute ma vie, Arkady. je n'ai jamais su si ces moment là étaient la réalité ou s'ils n'existaient que dans mes rêves. Peut être je les voulais si fort… quand je lui demandais, il disait tu rêves encore ?

elle a sourit
- tu sais que c'est pas tout ça qui va me donner une plus belle image des hommes…
- Sonate peut te réconcilier avec eux. Même s’il est souvent absent, il est un père extraordinaire pour ma fille. d'ailleurs c'est sa fille.
- je me vois mal avec lui
- JE refuse de t'imaginer avec lui.

Elles ont rit ensemble

- a ce point la ? madame est jalouse?
- Arkady.. je ne suis pas prête encore a le laisser entre les mains d'une autre. Si tu fais ça, je viendrais te hanter la nuit.
- Attends, ne me dit pas ça, sinon je vais vouloir le faire…
- tu n'as pas besoin de ça pour que je vienne, tu sais
- je sais pas... tu es jamais venue
- tu sais, on entre dans les rêves de quelqu'un que si on est invité a y rentrer

Arkady s’est rapprochée doucement

- j'avais tellement de chose a te dire, tant de choses à faire avec toi
- on a jamais pris le temps pour nous deux, c'est vrai

le regard planté dans le sien elle a dit

- excuse moi mais je ne cesse de penser comment te faire revivre
- c'est impossible, tu le sais.
- non je le sais pas et je ne le crois pas. j'irais le demander a Malfurion s'il le faut. Cenarius meme, n’importe qui… mais il faut que tu le veuille.

Elle a tenté un trait d’humour

- ben je serais dans un drôle d'état , si je revenais apres tout ce temps… et puis je ne veux pas torturer ma fille.. tu peux imaginer ce qu'elle ressentirait ?
- sûrement de la joie de pouvoir se prendre a ton cou ? et de voir son père heureux a nouveau
- je ne sais pas. elle commence a faire le deuil, je crois. et lui aussi. c'est un long chemin

elle aurait dit n’importe quoi pour la convaincre.

- je ne veut pas abandonner l'espoir de faire les boutiques avec toi
- tu les feras avec ma fille
- j'aimerais les faire AUSSI avec ta fille tali. dans un monde ou.... la magie est présente partout.... j'ose espérer cela

- Arkady… il faut toi aussi que tu fasses ton deuil, tu sais. ce sera plus simple. tu en souffrira moins. La magie.. la magie n'arrange pas tout. Parle avec Sonate, tu verras ce qu'il en pense, tu veux faire ça ? moi… si longtemps après, ça n'a plus de sens.

Elle n’a pas eu l’air très convaincue.

- heu.. lui demander ? il est un peu ...obtus. il va mal comprendre encore par excès de protection
- non, demande lui. il est comme il est. il faut faire avec. Mais peut être oui, en effet, ne lui parle pas de yeldee. juste de moi. et de lui. il m'aime. Il te répondra.
- je ne veut pas faire de toi une morte vivante.

Elle a sourit doucement.
- je pense qu'il n'aimerait pas ça non plus.
- j’ai juste besoin de savoir si tu souhaites…

elle a regardé sa fille revenir vers le bateau
- ne m'en demande pas trop. Je veux juste que tu en parle a Sonate.

Son regard a accompagné le sien vers la fillette
- tu peux être fière d'elle. Elle est adorable et ravissante.



- maman ? je peux venir te faire un câlin ?
les bras tendus, elle a transmis toute la tendresse du monde

Arkady s’est éloigné devant ce tableau.
- je vais vous laisser, mais je ne sais…
- je pense que ton frère saura te montrer.

De nouveau, le jeune elfe se tenait devant elle.
- cela a été un plaisir de pouvoir enfin vous rencontrer.
- je vous remercie d'être venu

d’une révérence aussi exagérée qu’elle faisait mine d’être solennelle, il l’a saluée....
- madame.... mademoiselle… merci pour l'honneur que vous m'avez fait

elle a sourit malicieusement
- tout l'honneur est pour moi, jeune homme...



Allongée sur le lit dans la cabine, elle a accompagné sa fille jusqu’au matin, cherchant en vain une réponse :

- pourquoi ne pas revenir, Tali… pourquoi ?

Yeldëe s’est endormie épuisée par les sanglots cette nuit là.

Maman.. pourquoi il ne m’aime pas ? il voulait que je sois morte en bas de la falaise. Je le déteste ! et papa , il est venu me chercher, mais il a dit que ça servait a rien qu’il se fatigue avec moi. il était en colère et il m’a laissée sur la route. Si je suis trop méchante, alors je veux plus retourner la bas. Je veux rester toujours avec toi, maman.
Garde moi, m’oblige pas à me réveiller.

Elle caresse doucement les cheveux fins , essuyant au passage une larme venue se perdre dans le creux de son cou.

Sa colère se nourrit du chagrin de sa fille.
Les yeux clos, elle revoit les visages. Sonate, Timhor…
Les sentiments et les mots se mêlent, amour et haine dans un même grondement sourd.
Le souffle tiède du vent est devenu tempête, balayant le calme paisible de la cabine.
Il ne reste autour d’elles que le vacarme assourdissant de la forge, le bouillonnement de la matière en fusion, la violence des coups de masses sur l’enclume.

Allongée sur le lit dans la cabine elle entend un grattement à la porte.
Arkady, non… pourquoi aujourd’hui ?..
En soupirant, elle se lève et s'arrête un long moment devant la porte.

Une image s’impose, brutale, insupportable, qu’elle tente vainement de chasser de son esprit.
Port de Menethil. Fond de l’eau.
Pleurant doucement, L’elfe sert contre elle son corps meurtri, retenant un haut le cœur à la vision des vers qui ont fait leur œuvre, des traces immondes qui la couvre.
Couchée sur le lit de sable, elle porte une fiole à sa bouche, s'étrangle un peu alors que le poison commence à agir et sombre peu à peu dans l'inconscience.
- tu es la....tu as toujours été la. Je viens...

Elle ouvre lentement la porte.
- Qu’a-t-elle fait ?
- euh....pris du poison
- mais pourquoi ? qu’est ce qu’elle veut ?
- vous parler. Et plus.
- je sais ce qu’elle veut. je lui avais dit non, et elle revient le jour ou je suis troublée, comme si elle avait senti ma faiblesse
- mais si ....si vous restez comme ça elle....risque de mourir

Piégée.

- d'accord, laissez la venir.
- merci

Elle lui tourne le dos
- allez vous en.

Elle ne voit pas mais devine l’affaissement brutal d’un corps sur le sol.
D’un seul mouvement, elle se retourne et tombe a genoux devant Arkady.
- idiote... je dois faire quoi, moi , maintenant ?

elle se penche vers l’elfe. Son cœur bas à peine. de l'eau sort de la bouche entre ouverte.
- recrache moi cette flotte, imbécile, tu vas pas crever comme moi !

les gestes qu’elle a pu apprendre lui reviennent machinalement. Elle fait basculer le corps sur le coté, enlève d’un geste assuré les algues au fond de la gorge. Et la remet sur le dos.
Elle sent la vie qui s’échappe. sa voix se fait impérieuse
- recrache moi ça !!

sa bouche sur la sienne, elle insuffle le souffle de vie, mais plus encore, l’envie de se battre qu’elle a trouvé dans les larmes de yeldëe
elle se penche vers le visage pâle et murmure près de son oreille
- me fais pas ça... pas maintenant. S’il te plait… pas maintenant.

Un hoquet, de l'eau sort par la bouche et le nez. de la vase glisse lentement le long de la commissure des lèvres.
Les yeux livides se plongent dans les siens et lui renvoie sa propre envie de mourir et tout l’espoir que les femmes portent en elles.
D’un geste las, Arkady lève une main vers son épaule, prend une respiration et recrache dans un dernier hoquet l'eau encore présente dans ses poumons.

elle caresse doucement les cheveux et sourit tendrement.
- reviens, maintenant. je suis là. Idiote.. ça sert à quoi, tout ça ?
- tali, c’est a toi qu’il faut poser la question. Pourquoi tu l’as fait ?
- j’ai juste laissé faire. j'étais au delà de la souffrance. Je n'étais plus capable de penser.
- et la tu peux penser ?

elle détourne le regard.
- là je suis furieuse. ma fille... ou plutôt ses pères. je suis furieuse contre eux. elle était au bord du désespoir hier soir. ils n'entendent rien. ils ne comprennent rien, ou sont trop lâches pour vouloir comprendre. Sonate pense que l'argent qu'il gagne justifie la solitude qu'il lui impose. Quant a Tim... s’il s'approche d’elle encore une fois à plus d'un mètre, je l'égorge.
- il lui....a fait des .... propositions ?
- non mais t’es malade ? non, mais il lui a fait peur, elle a vraiment cru qu'il allait la tuer. Elle est seule. Vraiment seule.
- il n’y a qu’un seul moyen, tali, il n’ y a que toi qui peut l'aider. elle a besoin de toi.

Sa voix n’est plus qu’un murmure.
- il est trop tard.
- non tali il est jamais trop tard....

Les images du fond de l’eau lui reviennent comme une gifle.
- mon corps… cette pourriture...
- ton corps ? je suis avec toi, là, et je le sert contre moi
- oui, ici, mais dehors ? il est dans quel état ?
- il suffit d'une douce prêtresse avec un grand affect pour toi.... ta fille. Et d’un druide pour la restauration des chairs. Il faudra beaucoup d’amour, tali, mais ce n’est pas ce qui manque autour de toi. Il faut juste que tu sois prête.

Le temps a suspendu sa route, comme un instant d'éternité dans le calme blanc de son rêve.
Elle a enfin relevé la tête et s’est redressée lentement, puisant au plus profond d’elle même ce courage qu’il lui reprochait de ne pas avoir. Tali, quand est ce que tu vas enfin savoir prendre ce que tu veux vraiment ?
ses lèvres closes murmurent des mots muets pour lui : regarde moi, je grandis

Aujourd'hui elle veut.
- ramène moi auprès de ma fille.